Jolis Jolis Monstres - Julien Dufresne-Lamy

Un retour dans les années 80 à travers l'univers des Drag Queens. Xtravaganza, la reine des drags raconte son arrivée à New York, la prostitution puis les clubs où émergent le voguing et les tendances artistiques qui ont inspiré Basquiat, Haring, Madonna...et toute la culture pop.

Un voyage dans un monde nocturne en marge qui fascine autant qu'il dérange. En effet, derrière les faux-cils et les perruques règne la précarité ; il faut aussi lutter contre l'homophobie, le racisme et les violences faites aux transgenres. Pourtant cet univers est attachant et au combien tolérant. La joie de vivre et d'exister domine tout jusqu'à l'arrivée du SIDA qui viendra ravager ce cocon quasi familial.

Quelques années après avoir rangé robes et talons, Xtravaganza va prendre sous son aile un père de famille qui va tout abandonner pour donner vie à la créature qui bouillonne en lui. Une passation de pouvoir qui interroge aussi sur les effets du temps et le vieillissement du corps qu'on exhibe. Elle va lui apprendre les secrets d'un monde artistique qui abolit toutes les barrières et va rechercher l'absolu humain qui réside en chacun de ces artistes. Une véritable fresque de ce monde de la nuit, des années 80 à aujourd'hui.

C'est un livre très documenté dont la démarche peut rappeler celle des naturalistes du 19ème siècle. L'auteur met en lumière une époque incroyable, fourmillante sur le plan artistique, avec cette soif de liberté qui m'émerveille toujours. Je n'aurai pas voulu naître dans une autre décennie.

Bonne lecture ♥

Éditions Belfond, 2019.

(416 pages)

Je m’appelles James.
J’ai les cils d’une femme. Un regard de biche. Le goût de la friandise. James Gilmore, c’est moi. Mais à l’époque, on m’appelle Lady Prudence. On me siffle, on m’adore, on m’applaudit et sur le devant de la scène, on me lance des roses blanches.
Dans la famille des drags-queens, je suis la beauté. L’altesse. Pas l’animatrice de garderie. Courtoise, je souris façon grande dame, la mise en plis impeccable. Entre 1980 et 1993, le milieu me surnomme « le Trophée ».